Déterminer l’existence de l’éclosion

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Déterminer l’existence de l’éclosion est la première étape d’une enquête sur une éclosion. Des concentrations de cas de maladie peuvent survenir au même endroit au cours de la même période, mais elles n’ont pas nécessairement une source commune. Il est essentiel de définir et de comprendre le nombre prévu de maladies (niveau de référence) pour détecter les concentrations de cas et les éclosions. Les concentrations de cas et les éclosions peuvent également être identifiées grâce à diverses sources, y compris les réseaux de surveillance, les partenaires en santé publique, le public et les fournisseurs de soins de santé de première ligne. Il existe différentes façons de définir les concentrations de cas et les éclosions; la terminologie utilisée dépend de l’organisme et de la situation précise (voir le tableau 1 ci-dessous).

Les activités de suivi préliminaires, telles que la collecte de renseignements auprès des cas, l’analyse des renseignements sur l’exposition pour déceler des points communs et la liaison avec les partenaires en santé publique et en salubrité des aliments, peuvent aider à déterminer si une éclosion existe vraiment ou si d’autres mesures sont justifiées. Dans bon nombre de situations, une fois que les renseignements ont fait l’objet d’une évaluation plus poussée, les partenaires d’enquête peuvent conclure qu’aucune mesure de santé publique n’est nécessaire.

Tableau 1 : Comparaison des définitions concernant les termes « concentration de cas » et « éclosion »

Organisation (document) Concentration de cas Éclosion
Dictionary of Epidemiology, 5e éd. (Porta, 2008) Regroupement d’événements ou de maladies relativement rares dans l’espace ou le temps, en nombre que l’on croit ou que l’on considère plus grand qu’il ne l’aurait été par le fruit du seul hasard.

Épidémie qui se limite à une augmentation localisée dans l’incidence d’une maladie.

Épidémie : Cas de maladie, de comportement précis ou d’autres événements liés à la santé survenant dans une collectivité ou une région en nombre clairement supérieur à l’expectative normale (… par rapport à la fréquence habituelle de la maladie dans la même région, au sein de la population précisée, au cours de la même saison de l’année).

Dictionary of Public Health (Last, 2007) Petite concentration de cas localisés d’une condition, habituellement une maladie infectieuse. Le terme est parfois un euphémisme utilisé pour minimiser la gravité d’une épidémie. Série d’événements, tels que de nouveaux cas d’une maladie rare ou inhabituelle, qui surviennent à intervalles temporel et spatial tellement rapprochés qu’ils laissent soupçonner qu’ils ne sont pas le résultat du hasard et que leur cause doit faire l’objet d’une enquête.
Guidelines for Foodborne Disease Outbreak Response (CIFOR, 2014) Regroupement inhabituel de cas dans le temps ou l’espace. Le terme est couramment utilisé dans la surveillance propre à un pathogène, lorsqu’un laboratoire de santé publique identifie de multiples infections causées par des souches microbiennes semblables. L’identification d’une concentration de cas a pour objet de déclencher d’autres enquêtes pour déterminer si ces cas pourraient représenter une éclosion. Le nombre de cas nécessaires pour former une concentration ne peut pas être défini de façon absolue; une concentration de cas peut varier selon le type d’agent, le caractère nouveau du sous-type, la saison et les ressources disponibles pour procéder à une enquête plus approfondie. Deux cas ou plus d’une maladie semblable démontrés par une enquête qu’ils découlent d’une exposition commune, comme l’ingestion d’un aliment commun. Une éclosion est une concentration de cas qui présente une association claire entre les cas, avec ou sans source commune ou agent pathogène connu. Des cas isolés de certaines conditions rares et graves, tels que l’anthrax gastro-intestinal, le botulisme ou le choléra, suscitent une intervention semblable à une éclosion.
Methods in Field Epidemiology (MacDonald, 2012) Ensemble géographique ou temporel de cas dont le nombre semble plus élevé que celui attendu pour l’endroit ou la période en question. Augmentation – souvent soudaine – dans le nombre de cas observés d’une maladie ou d’un problème de santé par rapport au nombre attendu pour un endroit donné ou un groupe précis de personnes sur une période particulière.
Foodborne Disease Outbreaks: Guidelines for Investigation and Control (OMS, 2008) Les épidémiologistes utilisent parfois les termes « concentration de cas », « éclosion » et « épidémie » de façon interchangeable. En général, l’expression « concentration de cas » est utilisée pour décrire un groupe de cas liés par le temps ou l’endroit, mais sans autre source ou aliment commun identifiés. Dans le contexte des maladies d’origine alimentaire, « éclosion » désigne deux cas ou plus d’ingestion d’un aliment commun.

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Nombre observé et nombre prévu de maladies

L’identification d’une éclosion dépend de la capacité de déceler un nombre plus élevé de maladies que celui prévu. Par conséquent, il est important de pouvoir définir le nombre prévu de maladies dans une région particulière, au cours d’une période particulière – ce que l’on appelle également le niveau de référence d’une maladie. La meilleure façon de définir le niveau de référence consiste à examiner les données des années précédentes pour déterminer le nombre de maladies auquel on peut s’attendre de voir au cours d’une période particulière chaque année. Les maladies du niveau de référence comprennent habituellement des maladies sporadiques, c’est-à-dire qu’elles ne sont pas liées à une source commune. De nombreuses maladies présentent une distribution saisonnière, ce qui signifie que le nombre de maladies est plus élevé dans certains mois, mais que cette tendance se répète d’une année à l’autre.

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Sources d’information

Plusieurs sources d’information peuvent aider à identifier des éclosions.

Systèmes de surveillance – Ils effectuent systématiquement le suivi et le stockage des données sur le nombre de maladies dans une région définie. Les augmentations de maladies peuvent être détectées en comparant les données actuelles et les données historiques des systèmes, qui représentent un niveau de référence. Dans le cas des maladies entériques, les systèmes de surveillance sont habituellement en laboratoire, ce qui signifie qu’ils ne tiennent compte que des cas confirmés d’infection par un pathogène. Ils ne fournissent alors qu’une sous-estimation du nombre véritable de maladies dans la région, puisque les cas moins graves qui ne sont pas suffisamment malades pour consulter un médecin et qui ne font l’objet d’aucun prélèvement d’échantillon en sont exclus.

Partenaires en santé publique – Des partenaires tels que des régions voisines, des enquêteurs provinciaux, territoriaux et fédéraux, ainsi que des partenaires en salubrité des aliments peuvent envoyer des avis de concentration de cas de maladie ou d’éclosions qu’ils étudient activement. Ces avis peuvent suggérer des expositions possibles pour surveiller des produits alimentaires particuliers, des contacts avec des animaux, des restaurants, des visites d’attraction touristique ou autres.

Public – Le public peut signaler des maladies et des expositions soupçonnées directement à la santé publique, soit dans le cadre d’un suivi systématique de santé publique ou sous forme de plainte. Cela peut être particulièrement utile pour identifier des concentrations de cas liés à un restaurant. Si une personne signale que des compagnons de table ont également été malades, un examen rapide des aliments communs qu’ils ont consommés peut aider à identifier la source de la maladie. Dans certaines situations, des personnes malades peuvent décider d’en parler aux médias. La surveillance des bulletins d’actualités et des médias sociaux peut alors être un autre moyen utile de surveiller des éclosions possibles.

Fournisseurs de soins de santé – Les intervenants de soins de santé en milieu familial et en salle d’urgence ainsi que les infirmières dans les établissements de soins de longue durée et les médecins peuvent communiquer directement avec la santé publique s’ils remarquent une augmentation inhabituelle de maladies. Les fournisseurs de soins de santé de première ligne peuvent déceler ces augmentations plus rapidement que les systèmes de surveillance traditionnels, permettant ainsi un suivi plus opportun.

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Passage de la surveillance à l’intervention

Une fois qu’il a été déterminé que le nombre de cas signalés est supérieur au niveau de référence, l’enquête peut débuter. L’enquête comprend la collecte de renseignements auprès des cas, l’analyse des renseignements liés à l’exposition pour relever des éléments communs et la liaison avec des partenaires en santé publique et en salubrité des aliments pour transmettre des renseignements et coordonner des interventions. Dans bon nombre de situations, une fois que les renseignements ont fait l’objet d’une évaluation plus poussée, les partenaires d’enquête peuvent conclure qu’aucune mesure de santé publique n’est nécessaire.

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Exemples

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Outils

Sources de renseignements sur la santé publique

  • Cette page fournit une liste de ressources en ligne qui peuvent être utilisées pour faire le signalement d’une éclosion, et une liste de revues qui publient les résultats d’enquête sur l’éclosion de maladies entériques. 

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Références

Council to Improve Foodborne Outbreak Response (CIFOR). 2014. Guidelines for Foodborne Disease Outbreak Response (2nd edition). Council of State and Territorial Epidemiologists, Atlanta, GA. Disponible à : https://cifor.us/clearinghouse/cifor-guidelines-for-foodborne-disease-outbreak-response

Porta, M (ed.). 2008. A Dictionary of Epidemiology, 5th Edition. Oxford University Press, Oxford, England.

Last, J.M. (ed.). 2007. A Dictionary of Public Health. Oxford University Press, Oxford, England.

MacDonald, P.D.M. 2012. Methods in Field Epidemiology. Jones & Bartlett Learning, Burlington, MA.

World Health Organization. 2008. Foodborne Disease Outbreaks: Guidelines for Investigation and Control. WHO Press, Geneva, Switzerland. Disponible à : https://apps.who.int/iris/handle/10665/43771

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