Sur cette page
- Aperçu
- Courbes épidémiques de base
- Courbes épidémiques avancées
- Analyse d’une courbe épidémique
- Exemples
- Outils
Aperçu
Une courbe épidémique est un histogramme (diagramme à colonnes) qui représente la distribution de cas au fil du temps. L’axe des abscisses (horizontal) donne les intervalles de temps (p. ex. jour ou semaine de l’apparition de la maladie) et l’axe des ordonnées (vertical) donne le nombre de cas. La courbe épidémique est un outil essentiel aux enquêtes sur les éclosions et un élément essentiel de l’épidémiologie descriptive. Elle peut fournir des données utiles sur la taille, les caractéristiques de dissémination, les tendances dans le temps et la période d’exposition de l’éclosion. Une courbe épidémique est souvent incluse au résumé épidémiologique d’une enquête sur une éclosion et doit être mise à jour en continu à mesure que progresse l’éclosion.
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Courbes épidémiques de base
Qu’une courbe épidémique soit créée sur papier ou à l’aide d’un logiciel, il faut prendre en compte les éléments suivants :
- Relever le nombre de cas pour chaque date/moment du graphique. Inclure la période précédant l’éclosion pour montrer visuellement le moment où l’éclosion a commencé. Étant donné que la courbe épidémique représente une variable continue, les colonnes doivent se toucher (à moins qu’il n’y ait aucun cas pendant certaines périodes).
- Marquer clairement l’axe des abscisses (date/moment de l’apparition de la maladie) et l’axe des ordonnées (nombre de cas).
- Donner à la courbe épidémique un titre qui donne suffisamment d’information pour que le diagramme puisse être compris de façon autonome.
- Si des cas présentés sont autres que des cas confirmés (p. ex. cas probables, cas suspects), ils devraient être différenciés sur la courbe.
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Courbes épidémiques avancées
Une courbe épidémique peut être un outil efficace pour raconter une éclosion sans la présence d’un long texte pour expliquer la figure. La structure générale des courbes épidémiques est plutôt la même, mais il existe de nombreuses façons de les adapter afin de rehausser leur message principal.
Différentes échelles pour les abscisses
L’unité de temps de l’axe des abscisses est souvent basée sur la période d’incubation de la maladie et la période sur laquelle les cas sont répartis. Ainsi, si une maladie a une période d’incubation courte (p. ex. Bacilius cereus) et que les cas sont répartis sur une courte période (heures), l’échelle de l’axe des abscisses risque d’être plus représentative si elle est présentée en heures plutôt qu’en jours. Des courbes épidémiques peuvent être créées avec différentes unités pour les abscisses (p. ex. heure, demi-journée, jour, semaine) de façon à déterminer laquelle représente le mieux les données. Cela est particulièrement utile quand la maladie ou la période d’incubation ne sont pas connues.
Dates d’apparition diverses
Plusieurs dates peuvent être associées à la maladie d’un cas. En général, on se sert de la date d’apparition de la maladie, mais celle-ci n’est pas forcément connue pour tous les cas. Cette situation se présente souvent lorsqu’il n’est pas possible de joindre un cas pour l’interroger. Pour résoudre ce problème, la date la plus ancienne connue devrait servir à déterminer la date approximative de l’apparition de la maladie.
Les notes de bas de page de la courbe épidémique doivent indiquer clairement l’ensemble de critères qui ont été utilisés pour faire de telles estimations. À mesure que de nouvelles données sont disponibles (p. ex. dates mises à jour), la courbe épidémique devrait être mise à jour avec les dates les plus anciennes disponibles (date d’apparition de la maladie, date de la collecte d’échantillons, date de réception, date de l’isolement, date de chargement de l’électrophorèse en champ pulsé, date de signalement).
Stratification – répartition des cas en catégories
Pour certaines éclosions, les cas peuvent être stratifiés (ou répartis) en différents groupes dans la courbe épidémique de façon à aider le lecteur à comprendre l’éclosion, en particulier lorsqu’il y a une différence notable entre les groupes. Il y a souvent plusieurs façons d’organiser ou de répartir les cas associés à l’éclosion sous différentes catégories :
- Exposition (p. ex. personnes ayant assisté à un événement/personnes n’y ayant pas assisté)
- Géographie (p. ex. lieu de résidence, lieu où se trouve le patient dans un hôpital)
- Caractéristiques personnelles (p. ex. profession : personnel de soins de santé/autres)
Par exemple, la première courbe épidémique ci-dessous présente tous les cas dans un groupe par date d’apparition de la maladie. La deuxième courbe épidémique sépare les cas par aile d’hôpital.
Dans l’exemple ci-dessus, la stratification montre que l’éclosion a commencé dans l’aile A de l’hôpital (l’apparition de la maladie chez les patients de l’aile A a eu lieu plus tôt que chez ceux de l’aile B). Visualiser les données de cette façon peut vous aider à émettre des hypothèses ou à comprendre les questions essentielles relatives à l’éclosion, comme la façon dont l’agent pathogène est transmis d’une aile à l’autre.
Événements significatifs par rapport à l’éclosion
Les événements importants qui se produisent au cours d’une éclosion peuvent être ajoutés à la courbe épidémique pour mieux expliquer la répartition des cas. Connaître le moment où ces événements se produisent peut aider à décrire les changements visibles sur la courbe épidémique. Voici des exemples :
- Exposition (p. ex. rassemblements de masse, souper en cause)
- Mesures de santé publique (p. ex. fermeture de restaurant, rappel de produit)
- Communications (p. ex. communiqué de presse avertissant la population de ne pas consommer l’aliment en cause)
Ces événements peuvent être intégrés dans la courbe épidémique à l’aide de zones de texte et de flèches. Cependant, il est important de garder à l’esprit que la courbe épidémique dans son ensemble doit rester simple et facile à comprendre. Fournir une chronologie visuelle des événements peut être un moyen efficace de communiquer les principales activités d’enquête à divers partenaires du domaine de la santé publique ou au public.
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Analyse d’une courbe épidémique
En plus de donner une description visuelle de la répartition des cas au fil du temps, la courbe épidémique peut informer les enquêteurs de la taille, des tendances dans le temps, des cas aberrants et des tendances de propagation de l’épidémie.
Taille
La taille d’une courbe épidémique peut aider à confirmer si une éclosion est en cours, comme elle montre visuellement une augmentation du nombre de cas par rapport aux données de référence. Connaître le nombre de cas touchés peut également aider à générer et à peaufiner des hypothèses.
Tendances dans le temps
La courbe épidémique peut fournir des renseignements sur l’évolution de l’éclosion (p. ex. si l’éclosion se poursuit, est en hausse, se stabilise, diminue ou si elle est terminée). La courbe épidémique donne également le taux d’augmentation ou de diminution des cas au fil du temps. Lorsque vous souhaitez déclarer la fin d’une éclosion, il est important de vous assurer que la diminution du nombre de cas est un réel déclin et qu’elle n’est pas le résultat d’un retard de déclaration. Il y a systématiquement un délai entre le moment où le cas tombe malade et le moment où les services de santé publique sont mis au courant du cas, ce qui veut dire que la vue d’ensemble de l’éclosion n’est pas disponible, en particulier pour la période la plus récente (p. ex. jours).
Cas aberrants
La courbe épidémique peut également mettre en évidence les cas aberrants, c’est-à-dire les cas qui ne correspondent pas au profil général, comme le premier cas (cas index), ce qui donne d’importants indices sur la source de l’éclosion. Les cas aberrants peuvent également être le fruit d’une transmission secondaire.
Tendance de propagation
La forme globale de la courbe épidémique peut aider à déterminer le mode de transmission de l’éclosion. Plusieurs types de schémas d’éclosion bien décrits peuvent être observés sur une courbe épidémique : source ponctuelle, source continue commune, source propagée et exposition intermittente.
- Source ponctuelle : Tous les cas ont été exposés à une source commune sur une courte période, notamment au cours d’un seul repas ou événement auquel tous les cas ont assisté. Le nombre de cas atteint rapidement son maximum pour ensuite diminuer, habituellement de façon progressive. La majorité des cas surviennent dans une période d’incubation.
- Source continue commune : L’exposition n’est pas limitée à un moment précis (se prolonge plutôt sur quelques jours, quelques semaines, voire davantage). Par conséquent, les cas se propagent pendant une période plus longue, selon la durée de l’exposition. Cette courbe épidémique a un ou plusieurs sommets, et les cas apparaissent pendant plus d’une période d’incubation (p. ex. contamination de l’eau d’un puits).
- Source propagée : L’épidémie n’a pas de source commune, mais est plutôt causée par la propagation de l’agent pathogène d’une personne vulnérable à une autre. La transmission peut se produire directement (transmission interhumaine) ou par un hôte intermédiaire. La courbe épidémique a tendance à comporter une série de sommets irréguliers, reflétant le nombre de générations d’infections. Les différents sommets sont séparés par une période d’incubation, environ (p. ex. propagation interhumaine de shigellose).
- Exposition intermittente : Ce type d’exposition se rapproche d’une exposition avec une source continue commune, mais dans ce cas, l’exposition est intermittente. La courbe épidémique a plusieurs sommets qui ne semblent aucunement liés à la période d’incubation, reflétant des périodes d’exposition intermittentes (p. ex. produit alimentaire contaminé vendu pendant un certain temps).
Une courbe épidémique aura rarement une forme correspondant exactement à l’une ou l’autre de ces descriptions, mais elle peut tout de même offrir une vue d’ensemble du profil de propagation. Dans certains cas, l’éclosion a un profil mixte qui peut combiner une source commune et une transmission propagée à d’autres personnes (habituellement les membres du ménage). De nombreux agents pathogènes d’origine alimentaire (norovirus, hépatite A, Shigella et E. coli) présentent souvent ce mode de propagation.
Pour en savoir plus : Association of Faculties of Medicine of Canada. AFMC Primer on Population Health, Patterns of disease development in a population: the epidemic curve. (anglais seulement)
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Exemples
- Étude de cas, Module 2, Exercice 3 : Résumé épidémiologique mis à jour
- Étude de cas, Module 4 – Chronologies visuel
- Éclosion d’infection à Salmonella associée à la poudre de graines de chia germé : Courbe épidémique
- Maladie causée par la souche d’E. coli O157:H7 liée à l’enquête sur la salubrité des viandes Cardinal : Courbe épidémique
- Enquête sur l’éclosion Cyclosporose : Courbes épidémiques – États Unis, 2013 (Mise à jour finale) (anglais seulement)
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Outils
Exercice sur les courbes épidémiques
- Cet exercice montre comment créer une courbe épidémique dans Microsoft Excel, où chaque cas est représenté par une seule case en utlisant ces données.
Exercice sur les tableaux croisés dynamiques
- Dans cet exercice, on utilise une liste des cas pour créer un tableau croisé dynamique et on se sert de celui-ci pour extraire l’information à consigner dans les résumés épidémiologiques descriptifs et créer des courbes épidémiques.
Liste des cas et dictionnaire de données
- Cet outil, en format Microsoft Excel, est conçu pour être utilisé comme modèle de liste des cas dans le cadre des enquêtes sur l’éclosion d’une maladie d’origine alimentaire. Une fois que les données sont saisies, les statistiques descriptives se calculent automatiquement. Le dictionnaire de données décrivant chaque champ de données dans le tableau synoptique est fourni au dernier onglet.