Enquêtes sur la salubrité des aliments

Jour 18: Lundi 25 mai 2020 (n = 9)

Une téléconférence d’évaluation du comité de coordination de l’enquête sur l’éclosion (CCEE) est organisée avec les intervenants en santé publique suivants : représentants en épidémiologie de la Colombie-Britannique, de l’Alberta et de l’Ontario, Santé Canada, l’Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA), et l’Agence de la santé publique du Canada (ASPC), y compris le Programme national de surveillance des maladies entériques (PNSME) et le Laboratoire national de microbiologie (LNM).

Voici ce qui est rapporté lors de la demande:

PNSME: Pour la semaine 20 (du 10 au 16 mai 2020), les chiffres de Salmonella Newport sont considérablement supérieurs aux prévisions à l’échelle nationale (11 cas signalés, 5 cas prévus), ainsi qu’à l’échelle provinciale en Colombie-Britannique (4 cas signalés, 1 cas prévu), en Alberta (3 cas signalés, 1 cas prévu) et en Ontario (3 cas signalés, 1 cas prévu). Les chiffres sont conformes aux niveaux prévus pour tous les autres territoires et provinces.

LNM: Cette grappe comprend neuf cas (2 en CB, 6 en ON et 1 en AB). Les isolats s’apparient avec 0 à 6 différences d’allèles selon l’analyse wg-MLST. Deux isolats de Salmonella Newport en Ontario et trois en Colombie-Britannique sont en attente de séquençage du génome entier (SGE); les résultats devraient arriver le vendredi 29 mai. PulseNet Canada a communiqué avec ses homologues chez PulseNet États-Unis pour déterminer s’il y a des isolats de Salmonella Newport aux États-Unis qui ont un profil SGE identique; les résultats sont attendus.

Compte rendu des provinces:

  • Ontario (n= 6):
    • L’enquête sur tous les cas d’infection à Salmonella Newport se poursuit. Des questionnaires ont été reçus pour cinq des six cas confirmés. Un cas a été perdu de vue au cours du suivi (ON-03).
    • L’un des cas (ON-01) est une femme de 20 ans dont la maladie est apparue le 22 avril. Elle vit avec une colocataire (ON-02), une femme de 21 ans dont la maladie est apparue à la même date. Les deux cas ont déclaré manger des aliments semblables, y compris de jeunes pousses d’épinards emballées dans un contenant en plastique, des œufs, des fruits (p. ex. des melons, des baies, des bananes) et des suppléments alimentaires. Les deux cas signalent que tous leurs fruits et légumes proviennent de la chaîne d’épiceries 1 et que leurs épinards sont de la marque X. ON-01 déclare être végétarienne et elle ne mange ni bœuf, ni porc, ni poulet. ON-02 a déclaré manger du poulet acheté dans une boucherie locale. Toutes deux sont des étudiantes universitaires et ont déclaré consommer certains repas sur le campus, mais ne se souvenaient pas de détails précis.
    • ON-04 est un jeune homme de 22 ans qui a déclaré avoir consommé de jeunes pousses d’épinards de la marque Y emballées dans un sac de plastique acheté à la chaîne d’épiceries 2, du bœuf, ainsi que du poulet acheté dans une boucherie locale (même boucherie que celle d’ON‑02). Le cas possède un reçu pour les épinards achetés, en date du 20 avril.
      • L’autorité sanitaire locale a effectué un suivi auprès de la boucherie où ON-02 et ON-04 ont acheté leur poulet. La boucherie achète uniquement son poulet d’un abattoir provincial, et ce poulet n’est pas distribué à l’extérieur de l’Ontario.
    • ON-05 est un homme de 50 ans qui a déclaré consommer de nombreux fruits comme des baies fraîches, des melons et des pommes. Le cas a également consommé de nombreuses viandes fraîches, dont du poulet et du porc, et il mange fréquemment dans les petits restaurants de la localité. Le questionnaire initial énumère également l’exposition aux noix et aux graines. La maladie est apparue le 25 avril.
    • ON-08 est une femme végétarienne de 17 ans dont la maladie est apparue le 1er Ses expositions alimentaires semblent être liées en majeure partie aux noix et aux graines, y compris les noix de Grenoble, les arachides, les graines de lin et de chia. Elle a également signalé avoir consommé de nombreux fruits et légumes frais, en particulier les légumes; toutefois, les détails sont limités.
  • Colombie-Britannique (n= 2):
    • CB-06 est une femme de 27 ans dont la maladie est apparue le 28 avril. L’anamnèse alimentaire sur le questionnaire est limitée; toutefois, le cas a signalé avoir consommé de nombreuses boissons frappées aux bleuets et aux épinards, contenant de jeunes pousses d’épinards de la marque X emballées dans un contenant en plastique et des ingrédients achetés à la chaîne d’épiceries 1, des noix et des graines, et elle a une aversion pour les produits laitiers. Le seul établissement alimentaire où le cas a déclaré manger est un bar à boissons frappées dans sa ville.
    • CB-09 est une femme de 20 ans dont la maladie est apparue le 1er mai et qui a déclaré avoir consommé des baies, des noix et des graines, des mélanges de céréales à grains entiers, du gruau, du son d’avoine et des suppléments à base d’enveloppe de psyllium. Elle a rapporté ne jamais sortir au restaurant et préparer tous ses repas à la maison.
  • Alberta (n= 1):
    • La province signale que AB-07 a refusé d’être interrogé et qu’il a été perdu de vue au cours du suivi.

 Activation du CCEE: L’éclosion semble se poursuivre et les expositions des cas déclarés présentent certaines similitudes. Par conséquent, tous les partenaires de la téléconférence conviennent de former un CCEE national pour faciliter la coordination et l’échange d’information entre les partenaires d’enquête.

Prochaines étapes: Les provinces acceptent de communiquer les premiers questionnaires des autorités locales de la santé publique avec l’ASPC et autorisent un épidémiologiste de l’ASPC à interroger de nouveau leurs cas au moyen d’un questionnaire normalisé générateur d’hypothèses, une fois élaboré. En ayant recours à un intervieweur unique, on s’assure que les entrevues sont effectuées de façon relativement normalisée et on accroît la capacité de détecter des tendances ou des similitudes entre les cas. Les provinces communiqueront avec les autorités locales de santé publique pour obtenir les coordonnées des cas et commencer les entrevues dès que possible.

Discussion: Les partenaires notent que les jeunes pousses d’épinards reviennent fréquemment et ont été signalées par 4 cas sur 7 (ON = 3, CB = 1). Étant donné que les quatre cas indiquent avoir consommé de jeunes pousses d’épinards crues, que des renseignements sont disponibles sur le lieu d’achat et la marque pour les 4 cas, et que 3 cas indiquent les avoir achetées dans un contenant en plastique, les partenaires expriment le désir d’examiner cette information plus en détail.

L’ACIA effectuera une enquête de retraçage de l’origine des jeunes pousses d’épinards signalées par quatre cas. Bien que trois cas indiquent avoir fait leurs achats à la chaîne d’épiceries 1 et qu’un cas indique les avoir faits à la chaîne d’épiceries 2, il est possible que ces chaînes obtiennent leurs épinards chez le même distributeur, car les deux chaînes d’épiceries appartiennent à la même entreprise.

Pour faciliter le retraçage et déterminer d’où proviennent les jeunes pousses d’épinards, les provinces communiqueront à l’ASPC les détails sur l’exposition de leurs cas aux épinards, et l’Agence les regroupera dans une liste de cas à communiquer à l’ACIA après la téléconférence.

Une autre téléconférence du CCEE est provisoirement prévue pour le lundi 1er juin 2020 et les communications se feront par courriel jusqu’à cette date.

Question 2-1: Les enquêtes sur la salubrité des aliments peuvent aider à évaluer la nature et l’ampleur du danger et à déterminer les mesures à prendre afin d’éliminer ou de réduire au minimum les risques potentiels pour le public (p. ex. rappeler les produits en cause). Grâce aux méthodes de retraçage, l’enquête peut déterminer si le ou les produits en cause sont liés dans la chaîne de production (p. ex. deux marques d’épinards différentes peuvent en fait provenir du même lot importé). Croyez-vous qu’il est approprié de procéder à un retraçage des jeunes pousses d’épinards à ce stade? Si oui, pourquoi s’intéresser aux jeunes pousses d’épinards et pas aux autres aliments signalés?

Oui, il est approprié de déterminer l’origine des jeunes pousses d’épinards à ce stade. Les épinards ont été un vecteur de Salmonella dans des éclosions antérieures. Les détails sur l’emballage, les lieux et la date d’achat (pour un cas) sont disponibles pour faciliter le retraçage. Il serait donc approprié que l’ACIA examine de plus près les jeunes pousses d’épinards pour voir s’il existe des éléments communs (p. ex. les épiceries 1 et 2 se sont-elles approvisionnées auprès du même fournisseur ou producteur pendant les périodes où les cas ont été exposés? Les deux marques provenaient-elles du même fournisseur pendant la période visée?).

Les noix et les graines ont également été des vecteurs de Salmonella dans des éclosions antérieures. Toutefois, nous ne disposons pas d’informations supplémentaires sur l’exposition et la spécificité du produit pour faciliter le retraçage de ces aliments. Il serait approprié de tenter d’obtenir cette information avant de déterminer si un retraçage est justifié.

 

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